Un reportage sur notre gamme d’aliments 100% bio à retrouver en intégralité dans le numero de BIOFIL sept-oct 2020
Certains fabricants d’aliments pour animaux (Fab) ont déjà leur gamme 100 % bio. Comment y parviennent-ils, quels sont les choix mis en place, les incidences et perspectives. Le point avec quelques-uns d’entre eux.
... Situés en Vendée, Aliments Mercier fabriquent depuis 12 ans [des aliments 100% bio] destinées aux poulets de chair cou nu jaune du groupement Volailles Bio de l’Ouest (VBO).
Afin de sécuriser des tourteaux de qualité, Aliments Mercier, entreprise bio, fabrique 32 000 t d’aliments, les deux tiers pour la volaille de chair dont 40 % sont 100 % bio destiné à VBO.
Aliments Mercier : traçabilité et origine de proximité
“Nous avons deux grands objectifs, que ce soit en 95 ou 100 % bio, c’est la maîtrise et la traçabilité des matières premières, en privilégiant d’abord une origine locale, disons française, ensuite européenne”, tient à rappeler Emmanuel Réveillère, responsable Technique et nutrition pour Aliments Mercier. Céréales et protéagineux sont en majorité d’origine France. Le soja est en partie français, et aussi issu de coopératives africaines sélectionnées. “Aujourd’hui, nous ne souhaitons pas dépendre exclusivement de ces filières d’importation”, précise-t-il. Mais se couper des achats extérieurs n’est pas un objectif absolu. Ceux-ci restent nécessaires, ne serait-ce que par sécurité en cas d’aléas climatique. L’autre objectif est la maîtrise sanitaire des matières premières et leur qualité intrinsèque. Des contrats d’approvisionnement à trois ou cinq ans sont passés avec les différents acteurs concernés avec des prix rémunérateurs pour tous les maillons.
Digestibilité et disponibilité des aliments Mercier
Pour arriver à des formules équilibrées, le fabricant essaie de diversifier les apports de céréales et de matières premières protéiques. “La disponibilité des pois et féverole est assez faible par rapport au soja, dont la digestibilité est aussi bien plus élevée, rappelle Emmanuel Réveillère. Donc en raison de ces deux aspects, le tourteau de soja est privilégié par rapport à ces protéagineux.” Le fabricant s’appuie sur l’usine de trituration Soleil de Loire dans le Maine-et-Loire (Nutriciab). L’outil produit aujourd’hui 8 000 t de tourteaux de soja dont 80 % pour Aliments Mercier. Quant au tourteau de tournesol, sa place est plus liée à un prix d’intérêt qu’à un choix technique de formulation. “La problématique avec le tourteau de tournesol, c’est que les filières ne garantissent pas une origine française, explique le responsable. Donc lorsqu’on est sur des stratégies 100 % bio avec matières premières françaises ou de sécurisation des approvisionnements, il sera écarté des choix de formulation.”
100 % bio vs 95%
En poulet, le fabricant estime une perte de 100 à 150 g en indice de consommation (IC) pour une croissance des animaux identique. Le surcoût de fabrication est estimé entre 40 et 60 euros la tonne. D’un point de vue sanitaire, “aucune différence” n’est observée sur les animaux. “Les approches nutritionnelles sont adaptées pour éviter notamment les déséquilibres digestifs”, souligne Emmanuel Réveillère. Les canards et pintades pourront être nourris en 100 % bio, de la même manière que le poulet, “mais aujourd’hui nous n’avons pas assez de recul sur les effets en termes de performances zootechniques”. C’est le même constat en pondeuse d’autant qu’il n’y a pas de demande filière sur ce point. “Les répercussions des surcoûts sont toujours difficiles”, précise-t-il. De même, il est délicat de formuler du 100 % bio pour la dinde, notamment au niveau du démarrage sur l’équilibre nutritionnel et les besoins élevés en protéine.
100 % bio en porc chez les fabricants :
“On s’aperçoit que certains fabricants obtiennent l’optimum économique en 100 % bio sur certaines formulations, truie gestante, allaitante, croissance ou finition, même si ça n’est pas un objectif de départ, relate Antoine Roinsard. Pour l’expert de l’Itab, cela signifierait que le 100 % bio en porc ne sera pas si impactant sous réserve d’avoir les matières premières disponibles.” Et cela hors 2e âge, qui est la phase la plus délicate, mais encore sous dérogation jusqu’en 2025.
Des aliments qui fonctionnent
En pondeuse, quatre phases alimentaires sont fabriquées sur lesquelles le spécialiste avance des repères classiques. “La poule doit se situer au-delà de 1,8 kg autour de 30 semaines d’âge et on cherche un pic de ponte de 95 %”, souligne Fabien Fouragnan. Mais aucune évaluation en élevage sur le 100 % bio ne confirme aujourd’hui ces résultats. Le fabricant dit ne pas avoir de retour évoquant des problèmes. “Il faut redoubler d’attention sur les indicateurs et les pratiques quotidiennes, prévient-il. Le vide journalier des mangeoires en particulier est très important pour assurer la consommation des parties fines de l’aliment.” Pendant une heure trente environ, entre la fin de matinée et le début d’après-midi, aucun aliment n’est remis dans les mangeoires, pour encourager les poules à consommer les restes, les parties fines. “C’est une technique générale mais encore plus pertinente en 100 % bio”, estime le responsable. Les équipes du fabricant accompagne les éleveurs dans ce sens.