Témoignage du Vice président de VBO à retrouver en intégralité dans le numero de BIOFIL sept-oct 2020

23/10/2020

Eleveur de volailles de chair, Emmanuel Chatelier produit du poulet Cou nu jaune nourri avec de l’aliment formulé 100 % bio, calé depuis 2015. Comment y parvient-il ?

Photo Emmanuel Chatelier,  éleveur de poulets Cou nu jaune 100 % bio chez VBO nourris en trois phases alimentaires : démarrage, croissance et finition.

“Nous avons mis la barre le plus haut possible”

Emmanuel Chatelier est aussi vice-président de la coopérative Volailles Bio de l’Ouest (VBO), comprenant 37 agriculteurs-éleveurs. VBO a démarré cette production de volailles nourries avec une formule totalement bio en 2008, sous l’impulsion de Biooop. Fruit d’un travail de longue haleine, le produit est maîtrisé, mais la vigilance de l’éleveur reste de mise. Le fabricant Aliments Mercier formule les rations. Aujourd’hui sur 900 000 volailles produites, 600 000 sont des poulets cou nu jaune 100 % bio.

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Chiffres sur l'élevage d'Emmanuel Chatelier

Travail sur la souche et l’aliment

"Initialement, nous utilisions une souche 757, c’est une souche Label classique utilisée en bio, relate Emmanuel Chatelier. Mais nous avions des soucis d’ampoules au bréchet et de poids difficiles à atteindre.” En 2015, le groupement passe sur une nouvelle souche Cou nu jaune, créée à l’époque par un petit couvoir régional, Gauguet (repris depuis par Orvia). Nommée 787, cette souche est le fruit d’un croisement d’une poule médium et d’un coq Label. “Cela nous a servis pour passer outre ces carences, poursuit l’éleveur. Et la souche subsiste car d’autres groupements l’utilisent.”

 

Quelques éleveurs fabriquent leurs aliments à la ferme (Faf). Ils utilisent l’aliment démarrage du fabricant Mercier, phase la plus délicate à réaliser, ainsi qu’un complémentaire pour équilibrer leurs formules maison. Leurs âges de finition peuvent être un peu plus élevés, mais ils ne considèrent pas cela comme un problème. VBO, à l’échelle du groupement, vise une autonomie en céréales de 50 %.

 

L’autre point clé a été d’augmenter le taux de protéine de l’aliment pour améliorer les taux en acides aminés, notamment en méthionine. “Nous avons donc diminué fortement les problèmes d’emplumement, de picage et de nervosité des poulets liés à ces carences, explique l’éleveur. De ce fait, les animaux profitent mieux et transforment mieux.”

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Logo Volailles BIO de l'Ouest

Un produit stabilisé mais des indices plus élevés

Depuis 2015, le produit est “calé”. “Par rapport à du 95 % bio, nous n’avons pas plus d’hétérogénéité sur les entrées à l’abattoir, en termes de poids ou de déclassement”, constate Emmanuel Chatelier. L’objectif est de fournir des volailles de 2,3-2,4 kg de poids vif en 84 jours, âge du premier enlèvement. “La moyenne était l’an dernier de 87 jours”, précise-t-il. En 100 % bio, il faut considérer un indice de consommation plus élevé de 5 à 7 % et un coût à la tonne d’aliments de plus 8 à 10 % minimum. “Sur un lot, le surcoût global de production au kg de poids vif est de plus 10 à 12 %”, estime Emmanuel Chatelier. L’aliment étant plus riche en protéines, les animaux sont parfois rationnés en cours de bande pour limiter les poids. “Tout dépend des conditions, avoue l’éleveur. En hiver, c’est plus facile. Les jours sont plus courts et les animaux plus calmes. En été, ce peut être plus compliqué mais il faut être vigilant car on peut vite arriver à des poids de 2,6-2,7 kg.” Plus facilement irascibles, ces animaux tolèrent moins bien d’éventuels aléas d’élevage. “Nous n’avons pas plus de problèmes qu’avec du 95 %, mais nous sommes plus sur le fil du rasoir, avoue l’éleveur. Il y a plus de risques et moins de latitude, surtout sur les fins d’élevage”. Au niveau sanitaire, il n’y a pas de spécificité, ni plus de frais vétérinaire. Chez VBO, chaque éleveur à ses méthodes et elles sont variables selon les périodes de l’année et les lots.

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Poulet cou nu jaune

Le 100 % bio, une démarche différenciante

Si le groupement élève différentes espèces, canards, pintades, dindes, volailles festives ou poulets, seul le poulet Cou nu jaune aujourd’hui bénéficie d’une alimentation 100 % bio. Représentant les deux tiers des volumes, il est devenu la principale activité de la coopérative. “Nous sommes arrivés à des volumes pour lesquels on peut prendre des risques, assure Emmanuel Chatelier. Nous ne pourrions pas le faire actuellement sur la dinde ou la pintade, car cela engendrerait des surcoûts très importants.”

 

Commercialisés par l’abattoir Savic-Freslon auprès de Biocoop notamment, premier partenaire, le Cou nu jaune 100 % bio est un facteur de différenciation. “Depuis trois ans, notre poulet 100 % bio en formulation bénéficie aussi de matières premières tracées 100 % françaises, précise Emmanuel Chatelier. Sur ce produit, tout notre soja est d’origine France et provient de l’usine de trituration Soleil de Loire. Nous avons mis la barre le plus haut que l’on ait pu. Pour nous, cela correspond au modèle que l’on défend, celui d’une agriculture autonome.”

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